Sur l’étang mordoré par le soleil levant
Un énorme bouquet vient juste de fleurir.
La Camargue s’éveille et commence à rosir
Car les flamants s’ébrouent au fil gris du courant.
Ils y sont si nombreux qu’ils forment un nuage
Posé sur l’eau bourbeuse et noire des marais.
Leurs ailes repliées semblent être poudrées
Du rose et du soleil dont sont faits les mirages
Car leur troupe bruyante est parée d’oripeaux
Qui ne s’accordent pas avec leur apparence.
Ce sont de grands patauds qui cherchent leur pitance
En triturant la boue de leur gros bec-marteau.
Ils ne sont beaux qu’en l’air, déployés en corolles,
Et planant dans l’air bleu grisouilleux du matin.
Certains vont s’en aller vers des pays lointains
Et paradent déjà pour prendre leur envol.