Poème illustré par un tableau de :
Peter Deluca
(1941-2012)
Dans la vieille maison pourtant rapetassée,
Tout était terne et gris. On ne peut demander
A de trop vieux machins d’avoir un air aimable !
Et quoi que fasse Arnaud, c’était inconcevable
De tirer des vieux murs ne serait-ce qu’un zeste
De simple séduction, un peu de charme agreste
En plein coeur du maquis. La maison était laide,
Irrémédiablement, et quelle que soit l’aide
Qu’on puisse lui porter ! Mais Arnaud en souffrait :
Il aimait sa bicoque, y était attaché…
Quand un jour le soleil, voyant cette verrue
Au beau milieu de rien, étonné s’en émut
Au point de vouloir faire un petit quelque chose.
Il décida d’agir, bien qu’ignorant la cause
D’une telle bonté en son coeur… pourtant froid !
Visant la cheminée, l’astre-roi envoya
Au coeur du bâtiment un faisceau de rayons
Pour lui redonner vie ! Aussitôt la maison
Emit magiquement une douce lumière
Qui la revigora : ce fut spectaculaire
Et de vraiment très moche elle devint fort belle.
Elle put entonner la jolie ritournelle
Des exclus accédant à la presque beauté,
Par le fait d’un soleil acceptant de donner
Un peu de son éclat à la déshéritée.
Enfin débarrassée de l’ombre qui hantait
Ses murs gris et poisseux, la sinistre demeure
Devint depuis ce jour la maison du bonheur.