C’est simple de toucher le ciel avec la main
Car il est là, tout près, incolore et opaque,
Reposant sur les toits que l’humidité laque
D’un enduit vernissé au rouge un peu éteint !
Les lignes sont floutées et plus rien n’a de forme
Dans ce gris indistinct. Forcalquier est brouillé,
La brume empaquetant ses venelles noyées
Dans des vapeurs ocrées.Tout y est uniforme ;
On ne reconnaît rien dans ce magma grisâtre
Où la brume a mangé le soleil disparu.
Des flaques de vapeur stagnent au creux des rues
Et l’air pernicieux y a goût d’eau saumâtre :
Le fait de respirer est désormais malsain !
C’est un monde indécis aux formes incertaines
Et toute obstination pour s’y mouvoir est vaine
Car l’on ne sait plus trop si c’est soir ou matin !
Il n’y a plus de ciel, tout est ciel devenu !
Forcalquier gît perdu dans l’étrange brumasse
Qui l’a pris dans les rêts de l’incroyable nasse
D’un irréel dément où le monde n’est plus.