Chevauchant l’horizon, un soleil mandarine
S’abîme lentement dans le sein de la mer :
La Méditerranée dont les flots dodelinent
Sous le grand ciel brûlant engendré par l’enfer
D’un été bien trop chaud que la brise marine
Ne peut plus juguler tant il est effroyable.
Peut-être que l’eau bleue va se mettre à bouillir
En buvant goulûment ce brasier redoutable !
A moins que le brouillard ne s’en vienne adoucir
Cette horrible chaleur à l’ardeur indomptable ?
Dévorant peu à peu l’énorme boule rouge
Qui sombre dans les flots, la mer bat comme un cœur.
Le vent s’est consumé, il n’y a rien qui bouge,
Même plus les oiseaux ; l’exécrable touffeur
A tout paralysé après les coups de vouge*
D’un été belliqueux tailladant l’atmosphère
D’énormes éclairs bleus. Maintenant c’est fini,
Tout est presque trop calme. La sublime lumière
Disparaît dans les eaux jusqu’à cet Infini
De mondes inversés rehaussés de mystère.
* Vouge : épieu à fer large du Moyen-Age