Poème illustré par un tableau de :
Armand Feldmann
L’on n’ose pas y croire. Oh non, c’est impossible !
Et pourtant, cette brume au tout petit matin,
Ce petit vent frisquet, ces moirures châtain
Sur le micocoulier… Nous sommes bien la cible
De ce maudit automne qui s’en va revenir !
Il est là, pas bien loin, qui astique ses armes :
Un soleil inconstant, un ciel couleur de larmes,
Un mistral capricieux qu’on ne peut que honnir
Tant ses sautes d’humeur tournent à la démence.
Caprices d’un sadique… On s’habille comment ?
Des habits chauds d’hiver, de légers vêtements ?
Ce temps nous rend cinglés à coups d’extravagances !
Voyons ! C’est une erreur. C’est sûr, nous nous trompons !
L’automne, ici, déjà ? Il est venu trop vite…
Mais les faits sont patents, même si l’on évite
D’admettre qu’il est là, ce fichu vieux crampon !
Les jours ont raccourci, les soirées sont plus fraîches.
La lune est engourdie en plein milieu du ciel,
Peinte par un pinceau froid et immatériel ;
Et dans le petit jour, sur la terre trop sèche,
Il y a quelquefois des gouttelettes d’eau,
Translucides fragments d’une averse nocturne.
Les feuilles vont passer la jolie robe auburne
Choisie élégamment pour leur dernier rondeau.