Le Printemps s’est trompé. En voyant le soleil
Eclairer à giorno les terres de Provence,
Il s’est cru en retard, et par inadvertance
S’est extirpé du lit, pensant que son réveil
Serait le bienvenu. Dehors tout est propret,
Avec un ciel très bleu où roulent trois nuages,
Comme ceux qu’on peut voir dans les livres d’images :
Dodus et tout bouclés. Le sol est bigarré
Tout autant qu’en avril quand la nature est neuve :
La lumière incongrue semble y poser des fleurs,
Et le jardin s’est peint de clinquantes couleurs
Comme s’il désirait ainsi donner la preuve
Aux gens de la maison qu’il n’est pas vraiment mort.
Pourquoi cette tiédeur en plein coeur de décembre?
J’ai largement ouvert les croisées de ma chambre
Pour humer l’air très doux : il fait si bon dehors !
Mais le printemps est pâle ; et voici qu’il s’affaisse
Lentement sur lui-même. Était-il trop pressé,
Est-il sorti trop tôt ? Le soleil a cessé
De le tenir au chaud : le froid le mord aux fesses
Et il comprend enfin qu’il est un temps pour tout !
La nuit est déjà là, la nuit interminable
Du mitan de l’hiver. Il se sent tout minable,
Il frissonne, il a froid et il a mal partout…
Il se résout alors à une vraie sagesse :
Il va rentrer chez lui et re-dormir un peu,
Puis reviendra en mars tant que faire se peut.
Même dans le Midi il n’y a rien qui presse !
Une réponse à Le printemps impatient