Poème illustré par un tableau de :
Rembrandt
(1606-1669)
Le cœur de la maison s’est arrêté de battre
Car ça fait bien longtemps qu’on n’a plus remonté
L’horloge du Papet. Il n’y a plus dans l’âtre
Que des cendres noircies. Et c’est sa volonté
De tout laisser ainsi jusqu’à ce qu’il revienne !
Sans doute une illusion? Guérira-t-il un jour ?
Il est tellement vieux ! L’on prie pour qu’il obtienne
Un peu de ce sursis qu’on espère toujours…
Mais le temps vient à bout de tout, même des chênes,
Effritant leur vieux bois qui semblait éternel.
Il est à l’hôpital, désolé de la peine
Qu’il nous inflige à tous. Notre Papet? Mortel ? .
L’immuable pilier de toute la famille ?
Le mas immémorial penche un peu, comme lui,
Et la treille roussie enserre de ses vrilles
Desséchées par le vent le vieux mur décrépi.
Le Papet n’est plus là. La maison est bien vide
Et ses murs délabrés craquent de toutes parts.
La Mort étend déjà ses longues mains avides
Pour l’emporter ailleurs, ce lointain autre part
Dont il a constamment récusé l’existence.
La Meije à l’horizon pointe son sommet noir
Comme un doigt vers le ciel. Un orage commence
A gronder sourdement dans la touffeur du soir…
Tout mon ressenti dans tes mots.Nous avons toutes les deux notre papet : le tien à l’hôpital, le mien près de la fontaine.