Poème illustré par un tableau de :
Joseph Ducreux
( 1735-1802 )
Paul est terrorisé car un monstre effroyable
Tournoie autour de lui depuis deux jours entiers.
Et il a beau s’enfuir, l’autre est si détestable
Qu’il ne le lâche pas. Un monstre sans pitié
Ignorant qu’il peut être un pur anxiolytique
Pour le pauvre garçon ; que cette inimitié
Est issue d’autrefois, de ces temps archaïques
Où il savait tout juste à peine balbutier.
C’est depuis lors que Paul éprouve cette crainte,
Sans qu’il sache pourquoi. Un souvenir enfui
De ses rêves d’enfant ? Bien ridicule empreinte
D’un passé inconnu qui lui a toujours nui
Tant il a l’air idiot quand l’ennemi s’approche,
Tournoyant sans pourtant se soucier de lui !
Un monstre inoffensif. Mais c’est vrai qu’il est moche,
Et que sa saleté proverbiale vous nuit
Dès qu’il vous prend pour cible : il est plein de microbes !
Pourtant Paul est viril ; et fort dur est son cuir !
Alors qu’est ce gredin suscitant tant d’opprobre,
Tellement écoeurant qu’il peut le faire fuir
Tout au fond de l’Enfer jusqu’à ce qu’il s’y perde ?
Ce monstre terrifiant ? C’est une mouche à merde !