Le soleil du mois d’août en pleine apothéose
Est à son apogée. Triomphant, il explose
Au-dessus du Midi en gerbes enflammées.
La chaleur aujourd’hui est comme exacerbée
Par un mistral furieux qui vient de se lever
Au-dessus de Lambesc. D’habitude, il est frais ;
Mais pas ce quatorze août où il grille les roses
Du jardin délaissé qui se métamorphose
Peu à peu en broussaille, en jungle abandonnée.
Pourvu que n’y éclose une fleur détestée
Par tous les Provençaux ! Une infime étincelle
Qui naît fougueuse, folle et infiniment belle ;
Une flammèche bleue dansante et colorée
Et qui pourrait soudain transformer en brasier
Ce jardin esseulé que nul n’arrose plus.
Ses plantes assoiffées, broussailleuses et nues
Sont sous le noir soleil des victimes offertes
Au feu et au mistral. Et leur pagaille verte
Est pour cet août trop sec comme un fruit défendu.
Puisse une énorme pluie enfin jaillir des nues !