Portée par l’Ubayette, une flèche d’argent
File comme un éclair entre les pierres grises :
Un monstre tavelé qui glisse en descendant
Le fil pur du courant qui bouillonne et qui frise,
Glacé et rebroussé par le souffle du vent.
C’est une énorme truite aux flancs couleur d’étain,
Qu’on implanta jadis dans le lac tout là-haut
Avec d’autres poissons. Mais pas un seul Humain
Ne pourrait l’attraper, même quand le niveau
Est si faible en été qu’il faut pour s’y cacher
La ruse et l’expérience exercée d’un vieillard !
Truite-mathusalem et tellement âgée
Qu’aucun pêcheur sensé ne voudrait jamais croire
A son âge incroyable ! On l’a déjà pêchée
Il y a bien longtemps ; elle était trop petite
– Alevin minuscule – et on l’a rejetée :
Poids bien trop exigu et taille trop réduite !
Elle ricanerait si les poissons riaient…
Elle va vers l’Ubaye. Sa large bouche bée,
Toute pavée de dents aiguës comme harpons.
Un requin de torrent tout prêt à avaler
N’importe quelle proie ! Mais pas cet hameçon
Entortillé d’un vif qui ose la narguer…
Bonsoir,
Je serais très honorée que vous me permettiez de mettre ce très joli poème sur mon blog sous mon tableau » la truite ».
Je vous remercie par avance
cordialement
Bien sûr que oui !
Amicalement
Vette