Au fond du val d’Enfer gît un hameau perdu
Qui se meurt lentement car il est d’un autre âge ;
Jours mornes, grisailleux, solitude absolue
Pour quelques montagnards accrochés au village
Et qui n’ont pas choisi cette triste existence !
Ce sont souvent des vieux que leur funeste sort
A englués ici par grand’manque de chance
Et qui ne peuvent plus qu’y attendre la mort.
En hiver sous la neige il est fort pittoresque !
Pas pour ses Hauts-Alpins encor plus isolés
Au pied des monts pointus dont l’ombre gigantesque
Enténèbre de bleu le creux de la vallée.
La plupart des maisons ont été désertées ;
La route qui y mène est étroite et pentue,
Toute tournicotante et parfois empruntée
Par l’auto du facteur ou quelques farfelus.
Quand le dernier vieillard aura fermé les yeux,
Le hameau lentement se désagrégera ;
Des orties pousseront en gagnant peu à peu
Les murs tout délabrés où gîteront des rats.