Poème illustré par :
Jean-François Millet
(1814-1875)
Trois rayons de soleil, quatre gouttes de pluie,
Ensuite un cataclysme où l’orage fulmine,
Puis un temps tendre et doux qui pour plaire fait mine
D’être sempiternel… au moins jusqu’à la nuit !
Le lendemain l’on gèle, on remet le chauffage ;
Mais à peine a-t-on eu le loisir de se plaindre,
De maudire le ciel, de gémir et de geindre
Qu’il fait de nouveau chaud : le temps redevient sage…
Puis le soleil rétif n’est plus qu’un lumignon !
Quatre saisons en une, un printemps enragé
Qui fait le fantaisiste et qui veut endosser
Les habits usurpés de ses trois compagnons !
Il pleut ; puis l’on étouffe ; il vente et l’on a froid :
Ne manquent que la neige ou bien une tempête !
Ce temps fou, incertain, nous fait perdre la tête
Et nous ne savons plus du tout quel est le mois
Où nous sommes céans. Le printemps en Provence
Est-il en train soudain de devenir cinglé ?
Ah ! Voici l’arc-en-ciel qui s’en vient irradier
Le ciel illuminé où la lumière danse …