Poème illustré par un tableau de :
Daniel Pollera
www.danielpollera.com
Posé sur la terrasse, un fauteuil à bascule
Est prêt à chavirer, balancé par le vent ;
De son souffle brutal, le mistral le bouscule,
Sans se soucier du tout du vieux meuble croulant
Qu’il faudrait manoeuvrer précautionneusement,
Son antique carcasse étant dans la famille
Depuis le tout début des années mil neuf cent !
Grinçant, bringuebalant, il oscille et vacille
Sous les à-coups puissants de ce maudit mistral.
Mais quand celui-ci meurt, le lent balancement
Du fauteuil se poursuit : mouvement anormal
D’un curieux va-et-vient sans le souffle du vent !
Soudain un rire frais cascade en grelottant :
Sur la toile rayée usée par tant d’usage,
Est assis invisible un fantôme d’enfant,
Revenu parmi nous d’un fort lointain voyage
Pour jouer comme antan, quand il était vivant,
Sur le fauteuil-berceau qui couine tant et plus.
L’ombre qui se balance – en arrière, en avant,
Se laisse brimbaler par le vieux tape-cul…
En arrière, en avant, toujours un peu plus vite,
Jusqu’à ce que le meuble, excédé par le jeu,
Expédie le petit aux confins du zénith
Pour recouvrer le calme, apanage des vieux.
L’antique rocking-chair, maintenant immobile,
Ne se balance plus sous la lune endormie ;
Et l’angelot déçu qui survole la ville
Cherche un autre copain pour jouer avec lui.