Fabrice a toujours froid car son cœur a gelé
Il y a fort longtemps, un matin de décembre.
C’est un loup solitaire, enfermé dans sa chambre
Depuis ce jour glacé où tout a chancelé,
Ce triste jour d’hiver où Laurine est partie.
Il a tout le temps froid, même les jours d’été ;
Son cœur est si cassant qu’il peut s’émietter
En milliers de fragments tant est anéantie
Et brisée pour toujours sa personnalité.
Sa vie est en morceaux, plus rien ne la relie
A rien ni à personne. Il faudrait qu’il oublie,
Mais il ne le peut pas. Seules réalités ?
Le défilé des jours, la douleur qui le mine…
Il a froid en hiver, il a froid en été,
Il a tout le temps froid, et il vit oublié
Loin de tout et sans elle, à contempler les ruines
De sa vie isolée ravagée par la mort
De celle qu’il aimait. Elle était sa lumière,
Elle était sa chaleur… Son cœur changé en pierre
N’est plus qu’un bloc glacé rongé par le remords.
Car c’est lui qui un jour l’a poussée dans le vide.
Elle l’avait trompé. Ne pouvant pardonner,
Il l’a assassinée. Depuis, abandonné,
Il erre en grelottant dans le désert aride
De sa vie dévastée. Il a froid, toujours froid,
Et n’est plus qu’un corps mort. Il ne pense qu’à elle.
À sa compagne aimée, à sa belle infidèle.
Il ne peut oublier ses yeux emplis d’effroi.
Depuis qu’elle a roulé tout au fond du ravin,
Il tente d’effacer son regard, mais en vain.