Il n’y a plus de ciel ; le brouillard l’a bouffé,
S’empiffrant de l’éther où clignaient des étoiles
Qu’il a anihilées. La gaze de son voile
A tout empaqueté. Elle a même coiffé
La pointe du cyprès qui pousse dans la cour !
Tout est devenu rien, et cette chape molle
Donne la sensation qu’une enveloppe colle
Aux vêtements mouillés par un air bien trop lourd.
Tout est comme effacé. Où donc est l’horizon ?
Les angles sont dissous et les lignes floutées.
Comme on n’y voit plus rien, la vie s’est arrêtée
Et tout est silencieux. Sans aucune raison
Car ici, en Provence, ça ne dure jamais !
Mais c’est désagréable ; on n’a pas l’habitude
De même envisager qu’un jour la plénitude
De notre espace bleu puisse se transformer
En un Midi éteint ! Pour l’instant plus de ciel,
Mais cette brume épaisse stagnant sur les toitures.
On n’entend même plus le moteur des voitures,
Roulant dans l’irréel d’un monde immatériel.
Comment donc font les gens dont c’est le quotidien
De vivre dans ce gris presque à longueur d’année ?
Oh, puissé-je jamais n’être plus condamnée
A vivre loin d’ici. Je n’y serais plus rien…