Poème illustré par un tableau de :
Lilian Angelin
http://www.lilianangelin.wordpress.com
L’aurore aux doigts d’argent a posé sur l’étang
Des reflets irisés. Il est vraiment très tôt,
Et l’on entend encor coasser un crapaud
Amoureux de la lune amincie en croissant
De presque rien du tout. Il a la voix cassée
A force de beugler son amour à tous vents
Et fait un bruit d’enfer. Sa grand’bouche qui bée
Emet des sons affreux dans le matin naissant.
L’été est tout nouveau ; les nuits sont toujours fraîches
Et piquetées d’étoiles clignant sur le ciel
Comme les yeux d’Argos. La terre déjà sèche
Exsude des odeurs de cédrat et de miel
Dans les petits jardins fleuris comme l’Eden.
Le soleil imprécis flouté par de la brume
Envahit la grand’rue qui dort à Ventabren
Et en boute en vainqueur tous les rayons de lune.