Quelques feuilles roussies sur leur arbre attachées
Jouissaient au soleil de leurs derniers beaux jours.
Folâtrant dans le coin le mistral alléché
Décida sur le champ de leur jouer un tour :
Il souffla doucement, très délicatement,
Et les déboutonna de l’écorce rugueuse
Pour les catapulter haut dans le firmament.
Et le bal commença ; transformées en danseuses
Les feuilles enivrées se mirent à valser :
Petits elfes dorés tournant, virevoltant,
Voltigeant haut et clair dans le ciel bleu léger,
Filigranes de miel, jolis lutins d’argent.
Le vent les soulevait, les faisait tournoyer,
Descendre et remonter tout en pirouettant.
Culbutes et plongeons, trois tours sur le côté,
Et puis trois tours encor, glissades en avant …
Mais le mistral félon se désintéressa
De ses légères proies. Les lâchant tout à coup,
Eternel inconstant il les abandonna
En lambeaux sur le sol tout englué de boue…