Poème illustré par un tableau de :
Marcel Roche
(1890-1959)
www.catalogue.drouot.com
Tout au fond du jardin la lumière d’automne
Joue avec l’ombre bleue de l’amandier penché
Au-dessus du vieux banc. Et dans sa robe jaune,
Mireille l’affairée s’est un peu affaissée,
Assise de guingois. Elle adore ce coin,
Abrité du mistral, où palpite l’odeur
Des tout derniers dahlias. Au tout petit matin
Des premiers jours d’automne, elle y cueille des fleurs
Avant qu’un froid trop vif ne vienne les flétrir.
L’homme est tout étonné de voir ainsi sa femme,
Qui n’arrête jamais , qui est tout feu tout flammes,
Immobile et figée. Elle semble dormir…
Et puis il se souvient que sa Mireille est morte
Il y a juste un an, à la fin de l’été ;
Et qu’il l’a retrouvée étendue dans l’allée
Non loin de l’amandier. Rupture de l’aorte !
Il est resté tout seul. Mais dans sa pauvre tête,
Passe et repasse encor une image terrible :
Sa Mireille allongée, l’adieu irréversible…
Soudain un coup de vent dissout la silhouette
Assise sur son banc sous l’arbre familier.
L’homme l’y voit souvent, qui enfin se repose
Avec sa robe jaune et ses pantoufles roses ;
Qui ne fait rien du tout et peut enfin souffler…