Poème illustré par un tableau de :
Albert Edelfelt
(1854-1905)
Est-ce encor une enfant ou une jeune fille,
Cette singulière et jolie Dorothé(e)
Dont l’âge vous fait peur et peut vous dérouter ?
Quand on la flatte trop, son regard bleu scintille
Car elle veut nier à quel point elle est belle,
Telle un bouton de fleur tout juste à peine éclos !
Son sourire est espiègle, et dans ses yeux mi-clos
Mille taquineries dansent en ribambelles.
Petit Chaperon d’or à la crinière blonde,
Elle est un peu timide, et – réserve d’ado !
Porte bien trop souvent ses cheveux en rideau…
Si son corps est pulpeux, ses jolies formes rondes
Sont courbées comme il faut, sans être rebondies ;
Mais elle n’aime point qu’on parle de son corps :
Elle a trop de pudeur, désirerait encor
S’accrocher à l’enfant que le temps congédie
Mais qui subsiste en elle. Elle a une poupée
Cachée soigneusement sous un coussin du lit
Et qui dort dans ses bras ; mais le temps affaiblit
Son intérêt pour elle. Elle est trop occupée
A d’autres jeux, ailleurs… Elle aime ses copines,
Leurs e-mails, le ciné, la mode à quatre sous ;
Veut oublier qu’elle est tous sens dessus-dessous,
Que penser aux garçons parfois la turlupine…
Presque encor une enfant, une très jeune fille
Fantasque et effrayante. Un sujet étonnant !
Une femme, une ado : mélange détonnant
Dont le charme aigrelet séduit et entortille
Quiconque la côtoie ; qui toujours en profite
Pour séduire à tout va, peut-être inconsciemment ;
Qui vous aime, vous hait, toujours passionnément,
Mais que votre dédain laisse fort déconfite…