Poème illustré par un tableau de :
Léon Tombu
(1866-1958)
Sur l’étagère en haut de la bibliothèque,
Dans un cadre doré, une grande photo
Qui met une lueur sur la planche de teck :
Eternellement jeune, éternellement beau,
C’est un adolescent au sourire éclatant
Qui est fort élégant, mais pas mal démodé
Dans son costume noir de premier communiant.
La malice adoucit son allure guindée
Si peu habituelle ; il semble se moquer.
La vieille Magali l’époussette souvent
D’un geste maladroit, le regard embué ;
Pourtant ça s’est passé il y a cinquante ans…
Il y a si longtemps ! Et elle est si âgée
Qu’elle ne peut marcher qu’à minuscules pas.
Mais cela ne fait rien, rien ne peut l’empècher
De l’aller voir là-bas. Elle se forcera
A sortir dans le froid et malgré le mistral !
La photo lui sourit. Il y a si longtemps…
C’était son tout-petit. Il s’appelait Martial :
Un nom lourd à porter pour un si jeune enfant…