« Là-haut sur la montagne il est un vieux chalet ».
Connais-tu la chanson ? On la chantait petits,
Bien avant que le temps n’ait tout anéanti
De ces burons anciens maintenant affalés
Comme des tas de pierre encombrant les alpages.
Pas seulement le temps ! Les Humains et l’oubli ;
L’oubli des traditions, d’un passé aboli
Par un progrès captieux et son mauvais usage…
Au printemps, les bergers venaient s’y réfugier
En compagnie d’un chien pour garder leurs brebis.
Ils restaient là des mois. Un long exil subi,
Mais telle était leur vie. Sans jamais sourciller.
En hiver, recouverts par un monceau de neige,
Ces burons sommeillaient, tout encapuchonnés ;
Et le gros édredon boursouflé leur donnait
L’aspect d’igloos d’ailleurs, là où le ciel est beige
Presque en toute saison. Mais l’été les pastours
Dormaient tout habillés sous le ciel étoilé,
La tête sur leur chien ; et le pâle reflet
De la lune éclairait les pâtis alentour.
C’étaient des temps anciens. Et la plupart du temps,
Les burons aujourd’hui ne sont plus que décombres
Fréquentés par le vent et les très vieilles ombres
Diaphanes et fanées des pastoureaux d’antan.