Poème inspiré par ce tableau de :
Vladimir Kush
http://www.peintre-analyse.com/kush.htm
Marseille ce jour-là s’éveilla vraiment tard
Sous le dôme étouffant d’un étrange brouillard
Qui le tenait captif sous d’invisibles rêts.
Et à peine debout, les pauvres Marseillais
Crurent qu’ils étaient fous : sous leurs yeux effarés,
La Méditerranée s’étendait pétrifiée
Comme une boue figée, sans reflets et raidie,
Sans ces éclairs d’argent qui pétillent de vie.
Le Vieux Port embourbé par un magma gluant
N’était plus qu’un bourbier immobile et puant
Où ne clapotait plus l’eau striée de lumière ;
Plus de gris ni de bleu entremêlés de vert,
Ni aucune couleur. Du limon, de la vase.
Immobiles, tout droits, englués à leur base,
Les bateaux enserrés par cette gangue immonde
Ne bougeaient plus du tout, comme étrangers au monde
Rationnel et vivant qui était leur décor
Quelques heures avant. Tout empestait la mort.
La Méditerranée raide et fossilisée
Tenait dans son étau la ville emprisonnée.