On va donc me couper ! Je gênais tout le monde :
Trop haut, trop déplumé, trop près de la maison
Et très enquiquinant, expédiant mes pignons,
Mes graines, mon pollen et mon ombre à la ronde :
Bien trop envahissant, sans aucun intérêt !
L’élagueur coûte cher, mais ils sont décidés,
Et d’ici quelques jours on va me tronçonner
En tous petits morceaux bons pour la cheminée.
Un arbre souffre-t-il ? Entendez-vous mon coeur
Qui bat de désespoir sous mon écorce grise ?
Je voudrais que le temps cruel s’immobilise,
Ma résine se fige à force de terreur !
Mais j’entends un moteur. Une portière claque.
Des pas dans le jardin. L’élagueur et ses gens
Avec leur tronçonneuse et tout leur bataclan…
N’auront-ils pas pitié de mon vieux tronc qui craque,
De ma tête chenue qu’ils vont faire tomber ?
Mais il faut m’y résoudre : il n’y a rien à faire
Qu’accepter mon futur de bûches pour l’hiver.
Un truc ronfle déjà pour me décapiter…