La beauté du diable

beauté froide

Poème illustré par un tableau de :

Félix Valloton
(1865-1925)

Perfection d’un long cou comme un long col de cygne,
Epaules arrondies, épiderme si doux :
Tels sont, Alexandra, les ravissants atouts
Dont t’a dotée l’Enfer. Et ta beauté maligne

Agit comme un poison sur les sens enfiévrés
De tes nombreux amants ; ta froide indifférence,
Ajoutée au mépris, est une impertinence
Qui les vainct plus encor : ils en sont enivrés.

Tes yeux jamais baissés sont d’un bleu porcelaine
Plus glacé qu’un miroir qui n’a plus de reflet ;
Et ton teint transparent a la blancheur du lait.
Alexandra, Sandra, magnifique sirène

Postée comme Charybde au bord du Lacydon*
Et pâle comme un lys, tu aimantes les hommes
Hantés par ta beauté et tout affolés, comme
Un miel trop odorant attire les bourdons.

Peut-être es-tu la mort, Alexandra candide ?
Ton détachement calme et ton sourire froid
Ne devraient-ils donc point susciter leur effroi ?
Comment affrontent-ils la hantise du vide

Quand ils essaient en vain de susciter en toi
Le moindre sentiment ? Tu es telle une mante,
Parfaite infiniment, ma belle dévorante,
Incapable à jamais du plus infime émoi.

* Pour les Grecs, le vieux Port, à Marseille

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Les gens, Marseille. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à La beauté du diable

  1. Eric Bertrand dit :

    Bravo! très beau poème! d’une grande qualité!

  2. Merci, Eric, fidèle ami !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.