L’ami Pierrot a mal : sa Pierrette est partie.
L’aurait-il trop déçue ? L’a-t-il trop fait attendre,
Oubliant fréquemment combien elle était tendre
Et l’étrange façon dont peut être bâtie
Une âme féminine ? Il est seul désormais,
Alors que le printemps rieur et en goguette
Pousse tout un chacun à chanter à tue-tête
Que la vie est sympa et qu’il est bon d’aimer.
Tout au fond du jardin siffle un gai mésangeau.
Le luron sait y faire et contenter sa belle
En trillant tant et plus son amour : son oiselle
N’ira point voir ailleurs s’il est un nid plus beau !
On ne peut pas laisser une femme aussi seule
Sans lui dire parfois de gentils mots d’amour :
Sentiments, volupté, jolie, aimer, toujours…
Pour n’avoir point compris, Pierrot tire une gueule
De vingt mètres de long, bourrelé de remords.
Mais c’est trop tard, l’ami ! Ta si jolie Pierrette
A trouvé un beau gars pour d’autres pirouettes,
Goûtant dans d’autres bras à la petite mort…