Il fait triste aujourd’hui. Une pluie douce et fine
Effleure en chuchotant l’allée du cimetière.
Le ciel fond lentement en une morne bruine
Qui caresse en douceur le tumulus en terre
Sous lequel tu repose(s). On n’a pas eu le temps
De te faire un caveau… Tu vois, je suis venue
Te porter quelques fleurs car ta tombe est bien nue ;
Mais ce n’est pas ma faute : il n’y a pas longtemps…
Mon visage est mouillé : par la pluie ou les larmes ?
Peu m’importe après tout ! L’essentiel n’est-il pas
Que je sois près de toi ? Oh, tes yeux, et tes bras,
Ton sourire moqueur, mon amour ! Et ton charme…
Mes dahlias sont très beaux ! Le vois-tu, mon bouquet
Tout ruisselant de pluie, et de roux et de cuivre ?
Ne pouvais-tu donc pas t’astreindre encor à vivre ?
Et pourquoi ton bateau m’a-t-il laissée à quai ?
Le soleil obstiné a dissous la brouillasse ;
Il vient de se montrer, toute grâce et douceur…
Dis, mon cher déserteur, les as-tu vues, mes fleurs ?
Il faudra bien pourtant que les années effacent
Cette énorme douleur qui dévore mon coeur ;
Je souffre atrocement de ton immense absence ;
Plus la moindre lueur, ni la moindre espérance…
La pluie est revenue, qui pleure mon malheur…