Poème illustré par un tableau de :
Vilhelm Hammershoi
(1864-1916)
Face à Jean une femme. Avec son voile noir,
Elle est calme et sévère et pourrait l’effrayer,
Qui pointe vers son coeur un doigt blanc et glacé.
Une vision honnie et dont tous les miroirs
Méconnaissent l’image : elle est immatérielle !
Mais lui sait qui elle est ! D’ailleurs il l’attendait
Depuis des jours déjà ; il n’est plus angoissé
Et préfère d’ailleurs qu’elle soit bien réelle.
Elle s’est rapprochée et son doigt va l’atteindre.
Derrière elle une porte, et ce qu’elle en ignore,
C’est qu’elle est entr’ouverte et qu’un large rai d’or
Fuse par l’interstic(e) . Nul ne pourrait l’éteindre,
Pas même le soleil tout dévoré de flammes !
Quand Jean sera touché, il pourra pénétrer
Dans ce monde là-bas dont elle est rejetée,
Qui le rendra heureux en apaisant son âme.
La femme vient plus près. Peut-être sourit-elle ?
Son doigt s’est fait caresse et l’homme qui priait
S’affaisse doucement, enfin rasséréné.
Une vie effacée s’en va à tire d’ailes…