Poème illustré par un pastel de :
Mathurin Janssaud
(1857-1940)
En l’an 1516, le roi François I°
Fit savoir à Manosq(ue) qu’il y devait passer.
Branle-bas de combat ! Tout bourdonne, on s’agite
Pour la cérémonie, et l’on recherche vite
Quelle est la plus jolie des filles de la ville
Pour présenter ses clés. Qui pourrait…? Les édiles
Pensent à l’unisson à Anne de Voland,
La fille du consul… Le roi en la voyant
La jaugea prestement, la trouvant si gentille
Qu’il pensa pour la nuit la mettre… dans son lit !
Mais la fille était pure, et son intégrité
Poussa son jugement à très vite trouver
Le tour le plus subtil pour échapper au pire :
Au souper, s’excusant avec moults soupirs,
Elle se retira pour aller barbouiller
Son ravissant visage de soufre enflammé ;
Puis elle s’en revint en cachant sa hideur
Sous un long voile noir. Le roi saisi d’horreur
Fit amende honorable et demanda pardon
A Anne devenue un affreux laideron
Par excès de vertu… Voici ce que l’on conte
A Manosque depuis… Histoire prise en compte
Par tous les troubadours. Pas par les historiens !
Car aux contes trop beaux ils ne connaissent rien…