Volez, volez, sachets emportés par le vent :
Piètres fleurs-papillons posées dans la Nature
Au gré des camions fous qui débordent d’ordures,
De monceaux de déchets dégoûtants et puants
Et de sacs corrompus au ventre gras et mou,
Vous gagnez du terrain et portez préjudice
A la Crau envahie par un flot d’immondices
– Ignobles reliquats d’un monde qui est fou –
Elle est enrubannée par des flots de plastique :
Plastoc bleu, blanc et vert gonflé par le mistral
Et planant çà et là en un sinistre bal
Qui a fait de la plaine un décor horrifique.
On dit que c’est fini, que l’ignoble colline
Va enfin terminer sa croissance infinie ;
Les mouettes repues vont rejoindre leur nid,
Pauvres oiseaux de mer embecqués de rapines !
Entressen de nouveau pourra être chanté
Comme un joli village au coeur de la Provence.
Marseille cessera d’y déverser sa panse,
Et tous ses excréments seront enfin brûlés !
On dit, on dit, on dit… Des décades qu’on dit
Que Saint Martin de Crau n’est pas un dépotoir ;
Qu’on nous promet toujours – peut-on encor y croire ?
Que le flux infernal est peut-être fini !