On est au mois de mars. Hier il n’a pas plu…
Mais neigé d’abondance ! On s’est donc retrouvés
Pour édifier ensemble un bonhomme pansu,
Un vrai miraculé qui jamais ne devait
Voir le jour à Carry. On l’a fabricoté
Avec moults vivats et beaucoup d’enthousiasme…
Puis le ciel malotru s’est remis à briller :
Le gros bonhomme en souffre et ressent quelques spasmes
N’augurant rien de bon pour un proche avenir !
Il se sent un peu mou, il commence à suer
Et s’il veut vivre encor il lui faut réagir…
C’est sa naïveté qui l’amène à rêver :
Quand la nuit tombera, il pourra s’immiscer
A l’arrière d’un bus qui monte vers le Nord.
Direction Barcelo… et un proche glacier
Où l’hiver l’aidera à résister encore !
Là-haut dans la montagne il vivra très longtemps,
Secouru par le froid, par le gel et la neige !
Il grossira, dodu, à l’écart du beau temps
Qui le fait défaillir et lentement l’allège.
Conquis par son idée, il est lors si heureux
Qu’il en oublie un temps à quel point il maigrit
En se ratatinant, amolli peu à peu
Par les rais du soleil revenu sur Carry….
Et puis il disparaît, flaque bleue et légère
Sur le sol détrempé où il s’en va mourir.
Bu par le cercle blanc irradiant sa lumière,
Le gros bonhomme blanc n’est plus qu’un souvenir