Je t’attends, mon amour. Tu m’as dit en automne,
Quand le micocoulier va devenir si jaune
Qu’il en éclairera la torpeur du jardin.
Mais l’été a passé, il ne se passe rien.
Dis, quand reviendras-tu ? Le temps semble immobile,
Ce septembre est si gris que ses jours inutiles
Se sont figés en bloc d’attente et de cafard.
Même l’azur si pur a pris l’aspect blafard
Englué de brouillard d’un ciel vraiment malade.
Entends-tu de là-bas cette triste ballade
M’obsédant nuit et jour et qui blesse mon cœur ?
J’ai gardé sur mon sein la minuscule fleur
Que tu m’avais donnée avant ce long voyage,
N’emportant pour ta part comme unique bagage
Que le ruban doré enserrant mes cheveux.
Mais veux-tu revenir, même si tu le peux ?
Tu m’as dit en automne, nous sommes en septembre !
Où t’en es-tu allé ? Depuis lors notre chambre
N’est plus qu’un triste endroit que tu as déserté ;
Je l’ai abandonnée au début de l’été.
Tu devrais être là. Mais au fond de ma tête
Rôde une affreuse idée : étais-je une amourette
De si peu d’intérêt que tu as déguerpi ?
Voulais-je trop d’amour, sans cesse et sans répit ?
Je sais bien qu’était vaine ma folle espérance !
Tu ne reviendras plus, et l’énorme souffrance
Qui me ronge aujourd’hui s’en va durer toujours.
Je ne te verrai plus, non, mon si cher amour…