D’étranges oiseaux bleus sillonnent le ciel noir
Encombré de nuées où cliquète le cuivre
De longs éclairs vrillés. D’étranges oiseaux ivres,
Dont le vol incertain titube dans le soir.
A leurs trousses, l’automne, implacable gerfaut :
L’automne fouaillant depuis peu la Provence
A longs coups de mistral, qu’une insolite outrance
Pousse à martyriser le vol bleu des oiseaux.
Il hurle sa folie du plus profond du ciel,
Et ses sombres légions, qui sans pitié dépècent
Les petits êtres bleus, les tailladent en pièces
Utilisant contre eux des moyens démentiels :
L’ouragan et la grêle et des flèches de feu.
Les oiseaux malmenés tournoient et tourbillonnent
Dans l’orage qui braille. Et les nuées qui tonnent
Détruisent en hurlant un grand vertige bleu…
Le ciel noir est bien vide en ce petit matin.
Sur la garrigue, en bas, de fragiles cadavres
Jonchent le sol mouillé. Mais leur destin ne navre
Pas l’automne assassin soudain doux et serein…