Imperceptiblement, la Méditerranée
A grignoté la dune. Insidieuse elle coule
Entre les grains dorés ; et le sable qui croule
A la forme affaissée d’une oeuvre condamnée.
L’eau patiente, obstinée, chuinte son chuchotis.
Se faufilant partout, elle mange la plage,
La lèche et la suçote, emportant au passage
Des pans du littoral que le temps a bâti
Au fil de l’Infini. La mer qui s’insinue
Partout où c’est possible étire ses filets
D’eau salée aussi loin qu’elle peut s’étaler ;
Et puis elle repart, laissant la terre nue.
Mais elle s’est saisie d’un royaume nouveau
En masquant bien son jeu, chaque jour plus présente.
La vie qu’elle a détruit est presque agonisante
Tant l’eau qu’elle charrie atteint un haut niveau.
Des vagues effrangées d’une grise eau saumâtre
Usent le littoral interminablement
Tout en l’effilochant. Patiente infiniment,
La mer ronge la grève, obstinée, opiniâtre…