Au Sauze, tous les soirs, dans la rue du village,
Se déroule un spectacle vraiment inouï :
Goupil le chapardeur, au culot infini,
Continue* son manège effronté et peu sage
En s’empiffrant gratis dans la grande poubelle.
Oui, en pleine saison ! On aurait pu penser
Que tout ce va-et-vient l’aurait rendu sensé,
Qu’il prendrait ses quartiers, fuirait à tire d’aile
Dès les congés d’hiver. Bernique, point du tout !
Malgré tous les fêtards qui rentrent dans la nuit,
Le joli renard roux, impassible, poursuit
Son souper délicieux : réveillon de minuit
Tous les soirs que Dieu fait, sous les yeux effarés
Des vacanciers surpris qui n’en croient pas leurs yeux !
Pourvu, petit renard, qu’un immonde vicieux
Ne tire pas parti de ta naïveté
Et n’en profite pas pour venir te tuer !
Que le bon Dieu te garde, adorable bestiole !
Continue tes festins ; gave-toi, batifole ;
Et viens t’en chaque soir pour mieux nous amuser…
Tu n’as pas peur de nous : n’est-ce pas merveilleux ?
On ne t’a donc pas dit trop de mal des Humains
Dans ton monde animal ? Alors va ton chemin
De joyeux resquilleur roublard et facétieux…
* Voir le poème du 13 novembre : “Grivèlerie”