Poème illustré par :
Jean-Louis Honnet
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Le soleil attablé tout en haut du Ventoux
Se demande en riant qui il pourrait croquer :
La petite Laura dont l’épiderme roux
Lui paraît tendre et blanc comme un verre de lait
Ou ce bébé dodu gigotant sur la plage ?
L’ogre qu’est le soleil a l’embarras du choix,
Et ils sont tant et tant à ne point être sages
Que ces cibles aisées lui causent quelque émoi.
Le soleil affamé au-dessus du Midi
S’interroge cruel : que pourrait-il griller ?
Et s’il visait les fleurs ? Ou les bois reverdis
Par les pluies du printemps ? Ou les premiers cinglés
Qui se mettent tout nus, se croyant invincibles ?
L’ogre repasse encor ses rais bien aiguisés :
Il est en appêtit, il a faim ; et les cibles
Ne lui manqueront pas tout au long de l’été.