Parfois mon coeur est triste : on dirait que l’automne
Y grave obstinément l’empreinte monotone
D’un sinistre refrain, tout aussi cafardeux
Que ce lourd ciel d’octobre épais et orageux
Pesamment affalé sur toute la Provence.
Il murmure tout doux sa plaintive romance
Toute en mélancolie. Sans trop savoir pourquoi,
Il craint de s’exposer à un je-ne-sais-quoi
Qui pourrait l’émouvoir, et la morne saison
L’émeut obscurément sans aucune raison.
Pourquoi ce désarroi, cette impression morbide
Qu’il faudrait quelquefois être un peu plus lucide ?
Ma vie est pourtant douce et je me sais* aimée ;
Mais mon âme insatiable est parfois affamée,
Comme folle au logis, de trop grandes passions,
De folie et d’écarts, d’un désir d’évasion…
Cette triste chanson ressemble à un fado,
Lugubre mélopée pesant telle un fardeau
Sur celui qui vieillit et qui porte sa vie
Comme un faix bien trop lourd et sans plus trop d’envies.
C’est la triste chanson des étés qui se meurent.
Oh, je sais que le Temps bien après nous demeure,
Que nous ne sommes rien au long fil des saisons,
Que mon esprit parfois frôle la déraison
S’il pense voir un jour renaître sa jouvence.
Il pleut à petits flocs sur toute la Provence…