Poème illustré par un tableau de :
Daniel Sannier
Entre Rogne(s) et Lambesc, je connais un sentier
Qui erre ça et là, qu’on dirait en goguette
Tant il suit une voie qui n’a ni queue ni tête ;
Un chemin fantaisiste et très primesautier,
Un layon caillouteux, un joyeux découcheur
Qui cahote en trottant, qui va et se tortille
En jouant plaisamment à tordre les chevilles
De tous ces casse-pieds qui se disent marcheurs :
Le chemin buissonnier est un vrai solitaire
Qui n’aime point du tout qu’on vienne le fouler !
Il traverse la lande, il aime s’enrouler
Loin des sentiers battus et fort loin de ces terres
Où ses frères captifs ont été goudronnés.
Oublié, par bonheur, il trottine et chemine
Entre les pins d’Alep fleurant bon la résine
Et les yeuses aiguës, sous le ciel festonné
De nuages légers, tout criquant de cigales
Qui ont quitté pour lui leur monde souterrain.
Y palpite l’odeur du thym, du romarin,
De l’odorant bouquet des plantes provençales
Dont le soleil rageur exalte la senteur.
Le petit chemin va, reliant les villages
Tout en tournevirant ; et son baguenaudage
A travers la garrigue est très cher à mon coeur.