L’été est incertain. Il change à toute allure,
Passant du bleu au gris presque instantanément
Comme s’il essayait de nouveaux vêtements
Pour honorer l’Hiver à la triste figure
Qui va lui succéder dans sept ou ou huit semaines.
Il se pare parfois d’un joli arc-en-ciel,
Ou bien strie son azur d’une coulée de miel
Qui ravit les témoins du curieux phénomène…
Oui, c’est bientôt l’automne. Et ce sont ses prémices
Qui nous font frissonner dans le petit matin
Quand on tire sur soi sa couette de satin
Parce qu’on n’a pas chaud, et que le froid s’immisce
Par un battant ouvert. Mais toujours optimiste,
On espère bientôt un infléchissement
De ces premiers signaux, avant les grands tourments
D’un hiver rigoureux, selon les pessimistes.
Il fait gris aujourd’hui, mais demain la lumière
S’en va ressusciter pour nous laver l’esprit.
Grisaille dans nos cœurs, bribes d’été qui rit
Même si cette ardeur est vraiment la dernière.
Sur le sommet du Brec, il y a de la brume ;
Ses pentes asséchées ont changé de couleur
Et en montagne aussi l’on ressent la douleur
D’être privé d’été. La montagne s’enrhume
Tout comme la vallée où l’automne s’installe
Insidieusement. Le ciel pleure souvent,
Sa pureté troublée par les frasques d’un vent
Aux sautes imprévues, changeantes et brutales.