Il y a quinze jours une amie m’a offert
Un gros bouquet de fleurs ; ce sont des anémones
De toutes les couleurs qui teintent l’air atone :
Une explosion de joie à la fin de l’hiver !
Je n’y ai pas touché et reste stupéfaite ;
Il y a quinze jours ? Elles sont toujours là
Avec cette fraîcheur qui ne se dément pas ;
C’est un petit miracle et une grande fête
Pour l’esprit esbaubi qui n’y comprend plus rien :
Car comment cette gerbe est-elle encore en vie ?
Quelle force la garde du Temps qui jaunit
Toute fleur tôt coupée ? Quel génie la maintient ?
Pas un pétale à terre, et les fleurs qui rutilent
Semblent cueillies d’hier ! Qui les a donc gardées
De la décrépitude ? Est-ce notre amitié
Qui les soutient ainsi ? Mais mon coeur qui jubile
Décide tout à coup de ne plus y penser.
Les fleurs sont là, jolies, et elles sentent bon
En ce début d’avril qui brille sur Aurons.
Oublions pour un temps leur excentricité…