Poème illustré par :
Léon Engelen
www.engelen.com
A Tende le 15 août on fête saint Eloi
Par une cavalcade issue d’un Autrefois
Qui nous paraît lointain, mais nous dit qu’en son temps
Eloi surpassait tous les maréchaux-ferrants.
Enfin, pas tout à fait ! Un jour il fut défié
Par un vieil inconnu s’engageant à ferrer
Bien plus vite que lui. » Tu n’es vraiment qu’un fat ! »
Dit Eloi en riant. Puis le jeu s’engagea !
Après avoir tranché le jarret d’un cheval
Comme si c’eut été un geste machinal,
L’homme rogna, tailla le pied sur l’établi
Et quand il fut ferré, promptement le remit !
Eloi piqué au vif voulut en faire autant.
Il prit un autre pied, le trancha bonnement ;
Ses amis assemblés hurlaient déjà de joie
Lorsque le sang gicla ! Et la bête rua
Hennissant de douleur… Eloi vert de dépit
Dut ravaler sa honte et son immodestie
Alors que le vieillard réparait sa bêtise.
Le Saint fort déconfit ruminait sa sottise
Et son trop grand orgueil quand l’autre disparut !
Et le Saint tout penaud lors se sentit déchu
De sa réputation ; et puis il s’amenda,
Attentif au défi lancé par l’Au-delà !