Il rugit dans la combe, il hurle et il dévale
Comme un dragon dément crêpelé par le vent.
Il est vert, il est bleu, émeraude et argent,
Et s’élance en furie vers le mitan du val.
Ses tourbillons d’écume et sa crinière d’eau
Se tordent au-dessus du fond qui les aspire.
Des branches arrachées par le courant qui vire
Tournoient comme fétus en dinguant sur son dos.
Il est fou, furibond, et ses flots déchaînés
Se déversent en force sur les gros rochers blancs.
Il s’arc-boute parfois et tout tonitruant
Ressemble dans sa fougue à un cheval cabré.
Et puis il ralentit, soudain tout apaisé
Par la douce vallée fleurie de peupliers.
Ses eaux molles qui rient se sont enfin calmées
Et s’étalent au chaud, lisses et défroissées …