Poème illustré par un tableau de :
Michel Dion
www.dion491.radioactif.tv
Hier, On m’a demandé de bien vouloir m’asseoir
Pour toute une journée là-haut sur un nuage,
Après que j’aie promis de faire bon usage
De ce que je verrais. C’est donc pleine d’espoir
Que je me suis assise au bord d’une nuée
Pour bien en contempler la Terre des humains.
« Mais comment rester là jusqu’à demain matin,
A voir notre planète ainsi diminuée ? »,
Me suis-je demandé dès le premier coup d’oeil.
Car j’ai eu la vision de notre pauvre monde
Devenu peu à peu une Terre inféconde,
Lentement transformée en effrayant cercueil !
Sous mes yeux effarés, une Terre ruinée,
Un sol stérilisé. Plus d’arbres ni de fleurs.
La Provence changée en un étrange ailleurs :
Où était le pays béni où j’étais née ?
La Méditerranée, éteinte, sans couleurs,
Et qui ne bougeait plus était une mer morte
Dont un sombre soleil, calamiteuse escorte,
Faisait mieux ressortir la funèbre pâleur
Insalubre et pourrie de morne marécage.
Des hommes sans pitié, sans lois, s’entretuaient,
Ou bien se piétinaient pour être les premiers
Dans un monde mué en une immense cage
Où l’on ne les comptait que comme numéros.
Flottant immatériel dans un air pollué
Qui couvrait le Midi d’une grise nuée,
Marseille anéanti et réduit à zéro
N’était plus dans le Sud qu’un vaste tas de cendres…
Je me suis accrochée à mon nuage blanc !
Mais l’On m’en a poussée impitoyablement
Car je ne voulais plus, plus jamais en descendre
Tant le monde d’en-bas était terrorisant.
Or, j’étais un Humain : réintégrer ma place
Au milieu des vivants, sans implorer ma grâce,
Etait mon seul devoir. Mais c’était terrifiant…