L’herbe est toujours moelleuse, et ce nouvel été
Ne leur suggère encor que douceur et plaisir :
Couche molletonnée et tapis velouté
Pour qui veut s’y étendre, y dormir à loisir !
Pour mieux être en symbiose avec l’herbe émaillée,
Elle a mis ce fourreau qu’il aime tellement
Et qui sculpte si bien sa silhouette aimée
Si souvent évoquée, bien trop passionnément !
Toute brodée de fleurs, une robe fleurie
A la Botticelli. Un joli petit bois
Aux exquises senteurs enserre la prairie
Où elle est endormie. Et un très tendre émoi
Saisit l’homme attendri qui contemple Isabelle,
Couchée sur le côté telle un petit enfant.
Elle est claire, elle est fraîche, elle est jeune, elle est belle,
Et dort tout comme un ange, aussi innocemment.
Il s’est assis tout près. Le soleil sur sa peau
A peint en cuivre roux de jolies éphélides
Comme un pointillé d’or. L’homme aime son repos
Encor adolescent… Puis il songe à ces rides
Striant son propre front : au double de son âge,
Il se sent presque vieux ! Son amour clandestin
Le rend très malheureux, et des bouffées de rage
Le poussent à maudire un injuste destin.