Poème illustré par un tableau de :
D. Touche
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Le mistral qui hulule au bois
Secoue les branches des cyprès ;
Comme pétrifiée par le froid,
La lande grise est verglacée ;
Le gel mord les troncs éclatés
Des yeuses sèches et transies
A la sève coagulée
Qui ne reprendront jamais vie.
Furieux, le vent houspille le mas.
Au ciel les étoiles gelées
Ne clignotent plus. Et là-bas,
Gordes s’est recroquevillée
Sur son éperon escarpé
Battu par l’air bleu qui mugit
Et le frappe de plein fouet :
Mistral fou qui beugle et rugit,
Secouant portes et fenêtres
Comme s’il désirait entrer…
Un agnelet venant de naître
Se pelotonne tout serré
Contre la panse de sa mère,
Le vent hurlant encor plus fort
Comme il sait le faire en hiver.
Mais rassuré l’agneau s’endort
Dans la chaleur de la brebis
Car la bergerie est bien tiède,
Il y fait doux ; et éconduit,
Enfin vaincu le mistral cède…