Sous les nues bleu-marine où clignent les étoiles,
La Provence s’endort. Le jour a mis les voiles,
Laissant à l’horizon des traînées orangées
Illuminer le ciel. Le temps vient de changer,
Passant brutalement de la pluie à l’été ;
Et la nuit fleure bon l’odeur des roses-thé
Qui poussent au jardin, embaumant l’air soyeux.
Les étoiles au ciel ressemblent à des yeux
Parpalégeant en chœur pour égayer la nuit.
Sur l’allée bétonnée une luciole luit
D’un doux rayonnement à peine perceptible :
Tout petit lumignon d’une fée invisible ?
La lune s’est levée et penche son croissant
Sur le maquis trop sec, les villes et les champs.
La nuit palpite doux au-dessus du Midi
Qui, recru de chaleur, s’est enfin endormi,
Faisant soudain silence en éteignant ses feux.
L’horizon vers Salon vient de virer au bleu
Comme le jardin sombre où le bassin résonne
Du chant énamouré d’un crapaud monotone.