Un ouragan rugit sur la ville déserte,
Le ciel céruléen se déversant sur l’eau*.
Marseille est en attente. Un étrange halo
L’auréole de gris, et la cité inerte
Est comme un grand corps mou affalé sur la plage.
Pas tout à fait sortie des affres de l’hiver,
Marseille se retrouve aux confins de l’enfer,
Toute crispée de peur sous les coups de l’orage.
Des éclairs effrayants cisaillent les nuées
Et la ville frémit sous ces coups de boutoir
Qui la font sursauter à l’approche du soir.
Elle est toute crispée et recroquevillée
Sur cette peur innée qui vient du fond des âges.
Le ciel est discordant, qui s’allume et s’éteint
Presqu’à chaque seconde, éructant son venin
Sur la ville apeurée aux cent-onze villages**
Et soudain ramenée aux heures archaïques
Où les hommes tremblaient dès que hurlait le ciel.
Les nuages tournoient en un grand carrousel
Sous le souffle du vent aux noirs accents épiques.
* La Méditerranée
**Sainte Marthe, Saint Just, Saint Barnabé, Saint Julien…