Tristes amours fanées, navrantes amours mortes
Enfouies tout au fond de cœurs désenchantés.
Vous réapparaissez si l’on ouvre la porte
A un lointain passé qu’on croyait oublié.
L’on vous croyait séchées comme feuilles d’automne
Arrachées par le vent aux arbres indolents,
Pourrissant sur le sol comme une gadoue jaune
Que foulent sans respect nos pas indifférents
Quand soudain vous fusez à l’occasion d’un rêve
D’où vous a fait jaillir un triste magicien ;
Au détour d’une image inopinée, si brève
Qu’il s’en fallait de peu pour qu’il n’en reste rien.
Et lors c’est un détail, une phrase, un sourire
Remontant du fin-fond des arcanes du temps.
L’on a le cœur qui bat, qui regrette et soupire
Au souvenir des jours où aimer follement
Etait presque la norme, et où votre jeunesse
Vous faisait fantasmer sur de beaux inconnus.
Il arrive parfois qu’une image renaisse,
Un corps dur et musclé, la beauté d’un sein nu…
Ternes jours un peu gris où l’on sent la vieillesse
S’approcher doucement pour vous prendre en ses rets
Froids et paralysants ; où la triste drôlesse
Vous dit de renoncer. Mais l’on n’est jamais prêt…