Poème illustré par un tableau de :
William Turner
(1775-1851)
Entends-tu ce vent fou qui secoue la maison ?
A trop faire l’amour, à en perdre raison,
Nous avons oublié que l’extérieur existe ;
Et qu’en dehors de nous, l’autre monde résiste…
Ou tout au moins essaie ! Qu’un Ailleurs continue
A vivre, même mal, bien que notre duo
Nous pousse à contempler les choses de très haut…
Monde immobilisé, toute vie contenue
Au creux de cette chambre où nous oublions tout.
Dehors, c’est un enfer : nature déchaînée,
Pluie qui tombe à torrents, campagne malmenée
Par des fleuves de boue qui s’immisce partout ;
Mais nous n’en n’avons cure. On est si bien ensemble…
Nos deux corps emmêlés restent indifférents
A tout ce qui n’est pas cet émoi délirant
Qui les emporte ailleurs. La tempête ressemble
A ce que nous vivons enlacés sur ce lit,
Mais l’amour est si beau : seul notre désir compte,
S’exprimant follement sans remords et sans honte…
Et notre indifférence a le goût d’un délit !
le vent ne dérange pas l’amour
Ni rien du tout… Un grand amour est égoïste !