Où s’en sont donc allées les couleurs provençales
Et l’éblouissement du vaste soleil jaune ?
Ce matin l’hiver morne aux tons tristes et sales
A gagné son combat fulgurant sur l’automne.
On ne reconnaît plus le Midi chatoyant,
Ses rouges flamboyants, ses ocres incendiés.
Le blanc terne et passé n’est plus le même blanc
Que celui qui grillait la garrigue embrasée.
Tout est gris sur l’étang. Il y a de la neige
Accrochée aux rameaux festonnés par le givre.
Le ciel est barbouillé d’un camaïeu de beiges.
Mais on se rassérène quand un souffle de vent
Fait soudain trembloter un friselis mouvant
Sur l’eau illuminée d’un peu d’or et de cuivre.