La Provence assoupie sous un froid soleil jaune
Semble en hibernation, et ses couleurs d’automne
Sont aussi délavées qu’au Nord embarbouillé.
Son ciel ennuagé paraît ensommeillé,
Penché tout de guingois sur la campagne aixoise ;
Mais y flottent encor quelques reflets turquoise
Oubliés par l’été désertant la Provence.
Micocouliers tout nus, oliviers en dormance
Attendent le printemps… Quant à la La Belle au Bois,
Elle rêve en dormant d’un Prince en grand arroi
Qui ne saurait venir que lorsque s’émerveille
L’éclatante chanson du Midi qui s’éveille.
Mais la Provence a froid, et il est bien trop tôt,
Au creux gris des cités, au flanc de ses coteaux,
Pour songer à couver de tendres amourettes.
L’hiver gris qui s’en vient n’a point le rire en tête !
Pour le moment tout dort et tout est suspendu…
La garrigue est fanée ; le ciel s’y est pendu
Aux fourches argentées des immuables chênes
Si tristes en hiver. Et parfois s’y déchaînent
Les longs tourbillons noirs d’un mistral affolé.
N’y reste plus que l’ombre d’oiseaux envolés
Vers un Sud plus clément. La Provence engourdie
Vient juste d’amorcer une sieste infinie…